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Quel est l'impact de votre église sur votre environnement proche ?



Si vous deviez fermer votre église demain, qu'en penserait votre environnement proche, les voisins de la communauté ? Que diraient-on dans le quartier où votre église est implantée ? L’absence de la communauté que vous fréquentez sera-t-elle remarquée ? Cela enlèvera-t-il quelque chose à la qualité de vie des habitants ? Les gens remarqueraient-ils votre départ ?


Une église peut être implantée dans un lieu, organiser de très beau programme sans avoir un véritable impact sur son environnement immédiat. Les églises ne meurent pas de vieillesse, comme le font les êtres humains. Cependant, une église peut mourir lentement d'être hors de propos, surtout quand elle ne répond pas aux besoins des personnes dans son lieu d’implantation. Une église peut mourir d’avoir oublié sa mission. Une église peut mourir de se refermer sur elle-même. Elle peut mourir en n’ayant aucun regard sur son environnement proche.


J’en suis arrivé à cette réflexion à la suite de plusieurs discussions quand certains collègues m’ont demandé quel était le message de mon église face à tous les défis de la société actuelle. Face aux problématiques telles que la violence, l’empoissonnement de nos terres au chlordécone, la relation avec la communauté béké (descendants des anciens esclavagistes), la destruction des statuts représentant des personnages historiques, l’homosexualité, les questions de genres et bien d’autres encore. Certes, vous me direz que la Bible n’a pas de réponse explicite sur certains de ces sujets, mais pouvons-nous les ignorer quand elles sont au centre des réflexions des personnes autour de nous ?

Nous devons avouer que nos églises perdent en pertinence dans le bruit assourdissant de la société actuelle. Notre discours est souvent inaudible. Nous avons perdu en impact. Le constat est effrayant mais, nous sommes spirituellement morts quand nous négligeons notre responsabilité d'établir des relations, d'aller à la racine des problèmes humains et de partager l'Évangile, la bonne nouvelle. Nous avons souvent fait de nos lieux de culte des forteresses avec des digicodes dont nous sommes les seuls à avoir les codes. Et les portes de nos lieux de culte peuvent être tellement épaisses que lorsque quelqu’un frappe, nous n’entendons pas. Nous nous sommes tellement enfermés que nous sommes devenus sourds à la souffrance et aux problématiques de ceux qui sont physiquement plus proches de nos bâtiments religieux.


Tout le monde se souvient de la mort de George FLOYD aux Etats-Unis. Cet homme noir arrêté par des policiers et qui trouvera la mort sous les genoux de l’un d’eux. Cet épisode a mis en évidence la situation des noirs face aux violences policières dans plusieurs états américains. Et les chrétiens aux Etats-Unis ont eu un dilemme : que faut-il faire ? Faut-il prendre position contre les injustices et le racisme systémique ? Ou encore faut-il se taire et continuer à louer Dieu à l’intérieur de nos bâtiments d’église ? Faut-il continuer à faire nos programmes sans nous préoccuper de l’environnement proche de nos communautés ? Faut-il simplement dire que tout cela sera bientôt terminé avec le retour de Jésus et continuer à subir ?


La vraie question est la suivante : Où sont passés nos églises ? Souvent, notre message est inaudible parce que nous sommes peu enclins à véritablement prendre le temps d’écouter la souffrance et le point de vue des autres. Au lieu de construire des ponts, nous avons construits des murs. La Bible nous invite à aimer notre prochain, mais nous avons souvent mis l’accent sur l’amour de ceux qui viennent régulièrement à l’Église. Nous sommes dans un paradoxe qui nous rend schizophrène : nous traitons ceux qui n’appartiennent pas à nos communautés de païens, de gens du monde, de non chrétiens. Nous les condamnons pour leur mode de vie ; et en même temps nous voulons aller vers eux pour qu’ils nous écoutent. Dans notre monde divisé par des problèmes raciaux, jamais la parabole du bon samaritain n’a eu autant de pertinence. Cette parabole va plus loin qu'une rivalité entre juif et pharisien. Elle nous interpelle sur notre rapport à l'autre. Elle nous invite à mettre fin à ce mépris de l'autre sous prétexte qu'il n'a pas la même foi que moi ou qu'il n'a pas les mêmes conceptions que moi.


Je crois que si nous avions gardé notre attention sur les 10 commandements qui nous invitent à aimer Dieu et notre prochain, si nous avions gardé présent dans nos priorités la mission que Christ nous a confié, il n’y aurait pas eu besoins des organisations non gouvernementales qui ont souvent un discours biaisé sur les questions qui cristallisent notre société et particulièrement sur les questions de race et de justice sociale. Ces organisations prennent de l’ampleur aujourd’hui parce que nos églises sont devenues sourdes et inaudibles face aux inégalités sociales et toutes les problématiques que traversent notre société. Alors certains diront que, comme toujours, j’exagère. Peut-être. Vous me rétorquerez aussi que nous portons des réponses. Mais je vous répondrai qu’elles sont tellement génériques qu’elles sont devenues inaudibles. Simplement parce qu’elles ne tiennent pas compte du fait que le monde a changé.

Michée 6 : 8 déclare : « On t'a fait connaître, ô homme, ce qui est bien ; Et ce que l'Éternel demande de toi, C'est que tu pratiques la justice, Que tu aimes la miséricorde, Et que tu marches humblement avec ton Dieu. » Partout où une communauté chrétienne est implantée, elle doit vivre dans une inévitable tension : être ancré dans son environnement proche et dans le même temps avoir une autre perspective qui doit attirer les gens vers le ciel. S’intéresser aux gens là où ils sont et les amener vers Jésus. En d’autres termes, être dans le monde mais pas du monde comme le dit la Bible.


Alors, comment naviguons-nous dans ces eaux troubles ? Que pouvons-nous faire en tant que dirigeants d'église ? En réalité, nos communautés ont trois manières d’interagir avec leur environnement : à l’intérieur, à l’extérieur et avec. Nous allons détailler ces trois méthodes d’interaction.


A l’intérieur

Dans cette conception d’interaction, la quasi-totalité des activités de l’Église se concentre à l’intérieur du bâtiment ou vise strictement les membres de l’Église. Dans ce modèle, on s’attend à ce que les gens viennent et assistent à nos programmes. Nous mesurons notre succès au nombre de personnes présentes lors de nos rencontres.


Avec une once de provocation, nous pourrions comparer cela à des fans d’une équipe de foot, qui se présentent fidèlement chaque semaine et font beaucoup de bruit quand leur équipe marque un but. Dans nos églises, nous venons nous asseoir et donnons au pasteur une ovation avec des amen retentissants pendant qu'il prêche. Nous participons avec l'équipe de louange et applaudissons à tout ce qui se passe sur la plateforme. Les membres sont divertis sur leurs sièges alors que des professionnels effectuent le travail. Bien sûr, j’exagère juste un petit peu, mais vous comprenez, je le crois, où je veux en venir.


Mais sérieusement, le service religieux du week-end ne devrait jamais être un match de football ou un temps de divertissement. Il doit être davantage considéré comme une plateforme d’envoi : l'endroit où les défis sont annoncés, les personnes formées, les dons et compétences confirmées et les encouragements donnés avant de se retrouver sur le terrain de jeu de la mission. Le terrain de jeu est notre communauté, le lieu où nous vivons, travaillons et évoluons quotidiennement. Nous pouvons être touché et meurtri sur le terrain de jeu, mais c'est là que se passe l'action. Les rassemblements doivent servir à panser nos plaies durant le jeu. L'église doit permettre à chaque membre de se remettre dans le jeu. Elle doit les aider à sortir du banc de touche ou des tribunes. Plus de spectateurs, tous des acteurs impliqués.


Les églises locales ont beaucoup à offrir, mais elles doivent cesser de se servir elles-mêmes. Elles doivent cesser de faire des programmes pour elle-même. Elles doivent rechercher un engagement communautaire plus profond et plus significatif. Une implication plus grande envers les personnes qui nous entourent.

Lorsque nous concevons la mission en privilégiant uniquement ce qui se passe à l’intérieur du bâtiment, nous nous concentrons principalement sur les personnes qui viennent pour participer à des programmes et événements.


En Martinique, nous avons le privilège d’avoir dans chaque commune au moins une église chrétienne. Et je ne parle ici que des communautés adventistes. Car, il y a d’autres communautés qui prêchent l’Évangile et présentent le message de la grâce. Cependant, la plupart de ces églises ne ressentent pas en permanence la douleur de la communauté qui les entoure. Notre attention se tourne vers l'intérieur. Nous utilisons nos ressources, y compris financières, humaines et en temps, pour faire du culte du sabbat la meilleure expérience possible pour ceux qui sont à l’intérieur. C'est ce modèle d'église que les dirigeants ont vécu et perpétuent d’année en année. Et comme les programmes sont beaux, nous sommes largement satisfaits : nous avons passé un bon moment, nous rentrons chez nous attendant le prochain programme. Ce type d’Église est même cité en exemple. Mais force est de constater que dans cette configuration notre évangélisation se fait à la ligne avec un grand nombre de membre qui n’ont pas de canne à pêche.


Une autre donnée est aussi à prendre en compte. Malheureusement, le nombre de nos membres baissent, ceci encore plus depuis la pandémie. Les adultes s’en vont, l’engagement et l’implication des plus jeunes baissent, ce qui amène inévitablement une diminution de nos ressources financières et humaines. La tentation est alors grande de nous concentrer finalement uniquement sur l’intérieur, tentant de maintenir à grands renforts d’énergie ceux qui sont déjà dans la bergerie.


Ce modèle de l’intérieur empêche la culture de l'envoi des disciples dans la moisson et de l'ensemencement. Elle favorise la mise en avant des personnes qui sont actives, donnent et servent. Quiconque fait ces trois choses est considéré comme un leader et un chrétien mûr. Mais avouons-le, il est possible dans ce système de faire beaucoup de choses sans être mâture spirituellement. Et d'ailleurs, il est possible de faire ces choses et même de ne pas être chrétien. Ce modèle d’église concentré sur l’intérieur ne donne pas la priorité à la formation de disciples suivant fidèlement les traces de Jésus et s’engageant véritablement sur le terrain de jeu de la mission.

Autour de nos communautés, dans nos villes et quartiers, des jeunes et plus âgées se réunissent sous les abris-bus, buvant et fumant. Nous voyons aussi ces derniers mois, sitôt le soleil couché, apparaître un phénomène de regroupement de jeunes autour des stations-services ou sur les parkings des centres commerciaux, écoutant de la musique à fond, buvant jusqu’à plus soif et utilisant toute sortes de produits nocifs. Il y a aussi depuis quelques mois une augmentation des crimes violents qui fait craindre aux autorités une forte circulations des armes sur notre petit territoire. La moindre altercation fait craindre le pire.


Tous ces jeunes ne se rendront difficilement voire jamais dans nos lieux de culte. Ils sont à des années-lumière de participer à un programme de trois heures le sabbat matin dans nos églises, ni non plus le soir lors de nos séries de conférences bibliques. A ces heures-là, soit ils dorment, soit ils ont leurs propres programmes sur les parkings et abribus. Pourtant, ils font aussi partie des personnes vers qui nous devons aller. Ils représentent la brebis perdue que nous devons aller chercher en laissant à l’intérieur les 99 autres. (Luc 15). Ils doivent être notre priorité. Les 99 autres sont déjà dans le bâtiment. Nous ne pouvons leur consacrer la majorité de nos ressources pour qu’ils viennent simplement assister à des programmes.


Sincèrement et objectivement, une question se pose à chacun de nous, leaders et membres : N’avons-nous pas en quelque part renoncer à notre appel prophétique ?


Les pasteurs et les églises quel que soit les lieux d’implantation qui revendiquent le modèle de l’intérieur perdent de leur influence. La présence de ressources financières et d'installations de plus en plus hightech ne fait que masquer le processus d’une lente agonie. Il y a un semblant de vie qui se manifeste à travers la technologie et les événements bouillants. Mais ignorer l'appel à sortir de nos églises pour aller nous occuper des brebis perdues montre la perte du sentiment missionnaire et de notre appel prophétique.


Les gens n’ont pas besoin de plus de programmes religieux. Ils n’ont pas besoin de salles joliment décorées dans lesquels quelques professionnels font leur show. Les gens ont besoin du Seigneur. Ils ont soif d’un Sauveur. Ils ont besoin d'une relation avec une église qui fasse des disciples et les mette en contact avec la mission de Jésus. Ils ont besoin d’une église qui les aide à donner un sens à leur vie et à affronter les problèmes actuels et à venir. Et si nous voulons accomplir la mission, nous devons être là où les gens sont. Il est difficile de développer le sentiment de la présence de Dieu pour les gens à moins d'être face à face avec leurs problèmes dans les lieux où ils évoluent. Jésus a développé un ministère de proximité et de présence. Il a pleuré avec des personnes là où elles étaient. Il n’a pas passé son temps au temple ou à la synagogue s’adressant uniquement à ceux qui y venaient. L'Église est appelée à être empathique et à être présente au milieu de la douleur des gens.


À l'extérieur


Vous le constaterez sûrement, afin de suivre de près le modèle précédent et de répondre aux besoins des gens, nous avons adopté des stratégies pour rejoindre les gens qui n'entrent pas dans l'édifice. Nous distribuons de la nourriture, organisons des programmes sur les places publiques, partageons des imprimés ou encore des concerts. Nous distribuons des fournitures scolaires, fournissons des vêtements gratuitement et visitons des gens à l’hôpital ou en prison. Nous pouvons encore allonger la liste. Nous pouvons appeler ces initiatives des incursions furtives sur le terrain de jeu de la mission. Un petit coup et puis s’en va. Surtout ne pas rester longtemps au contact de ces personnes au risque de perdre notre identité ou que nous soyons identifiés à leurs actions.


Ce sont des initiatives louables. L'aide sociale est bonne, mais pour de nombreuses raisons, elle est limitée dans son impact durable. L'aide sociale est essentiellement transactionnelle. Elle se fait généralement selon les préceptes de l'église et non selon les attentes de la communauté. Oui, il est aisé de penser que nous avons un impact réel, et nous l’avons peut-être, en restant dans nos églises. Mais nous courons toujours le risque de nous placer comme des personnes qui savent tout, des experts, capables de comprendre mieux que quiconque ce qui est bon pour la communauté qui nous entoure, sans même prendre le temps de les écouter et d'être en relation avec eux. Ceux à qui nous présentons l'Évangile doivent d'abord être nos amis.


Lorsque notre action envers les autres vient de haut, est planifié et commandé par un comité d’église, nous n’aidons pas nos membres à être des disciples mâtures et autonomes. Lorsque nous planifions les actes d’amour, nous enlevons toute initiative personnelle à nos membres qui attendent alors de l’Église une sorte d’autorisation pour agir. D’autre part, c’est nous qui décidons ce dont les personnes ont besoin et du moment dont ils en ont besoin. Le bien-être des autres se produit à la convenance de l'église, sans prendre en compte les besoins réels de la communauté qui nous entourent.


L’autre effet trompeur de ce modèle est qu'il peut stimuler notre ego et soulager notre conscience, sans faire beaucoup plus. Nous tenons pour acquis que si cela apaise notre conscience ou nous fait nous sentir bien, c’est que cela doit être la bonne chose à faire. Nous nous satisfaisons de la petite expérience positive vécue par un membre, l'érigeons en fait exceptionnel et nous nous gargarisons ainsi d'être dans la mission.


Je ne suis pas en train de demander à quiconque d’exclure toutes ces œuvres de bienfaisance. Bien sûr, cela peut être une première étape dans l’œuvre de l'évangélisation, mais ces seules actions ne garantissent pas que nous fassions des disciples. Ces programmes sont la première étape nécessaire pour ensuite introduire les gens auprès de Jésus. Il faut donc entrer en relation avec ces personnes. Le discipulat se produit par la détermination de partager notre vie avec une autre personne et de le faire régulièrement. C’est finalement cela notre objectif. Notre but ne consiste pas à faire entrer les gens pour qu’ils s’asseyent dans l’Église. Nous sommes appelés à en faire des disciples. (Matthieu 28 : 19 et 20)


Un autre problème avec les programmes de bienfaisance est que nos efforts de bonne volonté peuvent créer une dépendance. Et si notre action de donner de la nourriture chaque mois, sans relation personnelle, encourageait des décisions financières irresponsables parce que le bénéficiaire sait que de la nourriture gratuite sera disponible pour le soutenir ?


La dépendance prive les gens de prendre des décisions par et pour eux-mêmes et de se motiver à faire quelque chose qui peut les aider à sortir de leurs situations. Jésus a dit : «Il y a plus de joie à donner qu'à recevoir » (Actes 20 :35). Lorsque nous donnons, nous nous sentons bien, mais lorsque nous recevons, la psyché humaine a un sentiment de honte et d'impuissance. Personne n'aime ce sentiment. Nous préférons être ceux qui donnent. Ceux qui ont plus de ressources doivent faire attention à ne pas être condescendants ou arrogants dans leurs initiatives d'aide sociale et de travail communautaire.


Certes, ce modèle est intéressant et va plus loin que de simplement s’occuper des 99 brebis qui sont déjà à l'intérieur de l'église. Mais, nous devons nous assurer que nos bonnes actions ne causent pas in fine du tort ou ne nous présentent pas comme des personnes arrogantes qui savent tout et veulent toujours donner des leçons aux autres.



Avec

Il existe encore, me semble-t-il, un modèle meilleur et plus noble. Être avec les gens. Ce concept ne vise pas à FAIRE des choses, mais à ÊTRE comme Jésus. Il ne s’agit pas de multiplier les programmes, mais de sensibiliser chaque membre à être un disciple avec les dons qu’il a reçu de Dieu. Il s'agit de permettre à chaque membre de découvrir et de jouer le rôle que Dieu lui a assigné dès avant la création du monde. C'est retrouver une unité spirituelle dans laquelle chaque membre se sent accepté et utile, non parce qu'il assiste à un programme, mais parce qu'il participe à la construction du royaume de Dieu.


Lorsque nous appliquons ce modèle, nous disons : « Je ne veux pas seulement satisfaire votre besoin, mais je veux savoir quelle est la cause de votre besoin. Je veux comprendre les systèmes et les défis. Je veux entendre votre histoire. Je veux être dans la communauté tous les jours. Je veux être comme Jésus et marcher avec vous à travers les situations difficiles de la vie. Je ne vous évalue pas sur votre fréquentation de l'église, vos dons ou votre volonté de faire du bénévolat lors des événements du sabbat."


Être avec les gens, c’est aussi dire : « Alors que nous construisons une relation, peut-être que cela ne vous dérangera pas si je vous raconte mon histoire et vous dis comment recevoir Jésus dans votre vie en tant que Seigneur (évangélisation). Je peux vous montrer comment grandir en Jésus et le suivre quotidiennement (discipulat). J'aimerais vous présenter un groupe de disciples du Christ qui se soutiennent et s'encouragent mutuellement et servent leur communauté ensemble en tant que famille (église) de Dieu."


Être avec les gens dans leur douleur est un facteur clé pour démarrer de nouvelles églises. Au fur et à mesure que la communauté grandit et se développe, des réseaux d'églises peuvent se former aux mêmes endroits. C’est aussi un facteur pour revitaliser les communautés qui existent déjà et qui, en raison de leur manque d'influence et d'impact sur la communauté, sont en train de mourir.


Dans cette perspective, il nous faut réussir à concevoir le culte plus seulement comme un rassemblement de personnes assises dans un bâtiment. Nous pouvons aussi concevoir le culte avec un temps où nous parcourons la communauté dans la prière et l’écoute des personnes qui y résident. Les jeunes de nos communautés peuvent être d’une grande aide pour concevoir des actions de partage de la foi innovantes et dynamiques. Cela conduit à une vision du ministère qui fait une différence dans la communauté.


Il nous faut investir les lieux publics et nous emparer.de sujets sur lesquels on ne nous attend plus. Nous pourrions citer : la sécurité routière, la communication non-violente, l’accompagnement à la scolarité, les écoles de parents (Je parle ici des vraies écoles où il y a une véritable écoute et un partage d’expérience sur l’expérience parentale de chacun avec l’appui et l’aide de professionnels. Et non installer les personnes en spectateurs d’un spécialiste qui développe son sujet. C’était juste une parenthèse). Nous pouvons aussi nous associer à des démarches positives correspondant à nos valeurs organisées par des organismes, structures gouvernementales ou associatives.


L'église peut ensuite organiser des réunions pour entendre les préoccupations des membres de la communauté. Les gens sont prêts à engager une conversation quand quelqu’un est prêt à les écouter. Cela nous conduira à plus de cohérences dans notre démarche et à plus d’humilité dans notre communication. Il ne peut y avoir partage de l’Évangile sans prendre le temps d’être en relation avec l’autre. Dans notre acte d’évangélisation, nous ne pouvons être les seuls à parler, donnant ainsi l’impression que nous débitons une leçon apprise. Il nous faut sortir de la posture arrogante de l’Église qui sait tout, qui a tout compris et qui ne se trompe jamais.


Il faut que les personnes que nous côtoyons sachent que nous sommes prêts à les accompagner dans n'importe quelle bataille à laquelle ils sont confrontés. Que nous sommes prêts à les écouter quelque soit leurs histoires. Que nous resterons à côté d'eux même s'ils ne viennent pas s'asseoir dans nos églises. En plus de montrer de l'amour et de la compassion à ceux qui éprouvent des difficultés, nous devons les aider à retrouver la vraie liberté. Les personnes blessées vivent souvent en captivité. Lorsque nous sommes avec nos voisins, nous sommes comme Moïse et Aaron, exigeant que les pharaons de la pauvreté, de la violence et du dysfonctionnement les laissent partir.


Durant des années, nous avons utilisé cette citation d’une des pionnières de l’Église adventiste du septième jour : «La méthode du Sauveur pour sauver les âmes est la seule qui réussisse. Il se mêlait aux hommes pour leur faire du bien, leur témoignant sa sympathie, les soulageant et gagnant leur confiance. Puis il leur disait: “Suivez-moi.” C'est ainsi que, par des efforts personnels, il faut entrer en rapport intime avec les gens. On obtiendrait de meilleurs résultats si l'on passait moins de temps à prêcher et davantage à visiter les familles. Il faut secourir les pauvres, soigner les malades, réconforter ceux qui sont dans la peine, instruire les ignorants et conseiller ceux qui manquent d'expérience. Pleurons avec ceux qui pleurent et réjouissons-nous avec ceux qui se réjouissent. Avec la puissance que donnent la conviction, la prière et l'amour de Dieu, cette œuvre ne saurait rester stérile.»


Nous avons expliqué, analysé, prêché sur ce texte et nous nous sommes tout de même enfermés dans nos lieux de culte invitant les gens à nous rejoindre selon nos horaires, sans véritablement aller vers eux. Sans prendre le temps de les écouter. Sans vivre avec eux. Et lorsque nous allons vers eux, c’est pour les inviter à un programme qui se passe dans nos lieux de culte. Je ne crois pas que l’ordre qui nous enjoint à aller doit se résumer à une invitation à assister à nos programmes. Je nous invite à relire cette citation en méditant véritablement sur chaque mot.


Jésus identifie les chrétiens comme étant la lumière du monde et le sel de la terre. Dans le même temps, il attire leur attention : il ne faut pas que le sel perde de son goût et il ne faut pas cacher la lumière. Notre sel ne perd-il pas de sa saveur quand elle refuse de se mélanger ? La lumière n’est-elle pas mise sous le boisseau quand nous faisons de nos lieux de culte les seuls lieux de rencontre et d’évangélisation ?


Pour apporter du goût à la nourriture, le sel doit se mélanger. Mettre la salière à côté de l’assiette ne sert pas à grand-chose. De même, avoir une église dans un lieu et n’avoir aucune interaction avec notre environnement proche n’est pas pertinent et ne transformera pas nos voisins en disciples du Christ. Ce n’est pas le repas que l’on verse dans le sel, c’est le sel qui va vers le repas qu’il doit assaisonner. De même, ce ne sont pas les gens qui doivent venir vers nous, mais nous qui devons aller vers eux, là où ils sont, et leur apporter de la saveur.



Nous avons du mal à être sur le terrain des autres. Nous préférons le confort rassurant de nos lieux de culte. Nous sommes sur notre terrain et nous décidons de tout. Nous imposons notre programme et nos sujets. Nous maitrisons les choses. Mais Jésus s’est mélangé aux autres, allant là où les gens se trouvaient, s’attirant même les reproches des pharisiens qui trouvent anormales qu’il fréquente les gens de mauvaises vies. Ils ont oublié que Jésus est venu sauver ceux qui sont perdus.


Dans les ténèbres de ce monde, nous sommes des phares qui indiquent la direction, qui attirent l’attention sur les choses essentielles et qui invitent à réfléchir sur notre destinée éternelle. Les lumières des chrétiens ne peuvent pas seulement s’allumer et se regrouper dans un lieu de culte. Elles doivent aller éclairer les gens là où ils en ont besoin. Notre qualité de disciple ne se mesure donc pas à notre fréquentation des programmes de l’Église, mais surtout à notre capacité tous les jours à être des lumières pour tous ceux que nous côtoyons.


Les programmes d’église doivent être des plateformes qui nous préparent à aller sur le terrain de jeu. Nos lieux de culte doivent être le centre technique où nous faisons régulièrement une révision pour mieux assurer la mission. Dans cette optique, nous n’allons pas dans le champ de manière épisodique ou seulement lors des sorties missionnaires organisées de la communauté, nous sommes dans le champ dès que nous laissons le lieu de culte. Notre lumière demeure allumée, prête à éclairer tout âme qui en a besoin dans notre voisinage, sur notre lieu de travail, à l’école ou au supermarché.


Jésus a démontré le potentiel des gens ordinaires lorsqu'il a choisi ses 12 disciples et les a formés pendant trois ans avant de les envoyer changer le monde. De la même manière, notre église fait des disciples et envoie ces gens ordinaires sur le terrain de jeu pour être sel et lumière.


François d'Assise disait : "Commencez par faire ce qui est nécessaire, puis faites ce qui est possible, et tout d'un coup vous réaliserez l'impossible."


Dieu est déjà à l'œuvre dans notre communauté. Il se soucie de la vie des gens. Prenez le temps d'écouter Dieu et votre environnement. Apprenez d’eux. En écoutant, vous découvrirez non seulement comment vous pouvez être avec les personnes dans votre environnement proche et la sortir de sa douleur spirituelle, économique, sociale et physique. Vous saurez également si vous êtes pertinent ou non et si vous avez un impact… ou non.


Le voyage de notre église vers un style de vie avec les gens ne doit pas se produire à cause d'une tragédie ou d’une catastrophe. En tant que peuple de Dieu ou individuellement, nous apprenons par les épreuves ou par la révélation. N’attendons pas un incident malheureux pour sortir de nos bâtiments d’église. Personnellement, je préfère les leçons de la révélation. Dieu nous a révélé sa volonté dans le ministère et les méthodes de Jésus. Il nous les rappelle par divers écrits de nos pionniers et par les expériences vécues ici et là dans le monde. Mais plus, il nous interpelle dans les constats et évaluations que nous faisons chaque jour dans nos communautés.


Où Jésus vous conduit-il, vous et votre église ? Comment vous demande-t-il d'être avec votre communauté ? Si vous prenez le temps de répondre à ces questions, l’Église pourra revenir sur le terrain de jeu et gagner des buts. Elle sera en complète harmonie avec la mission confiée par le Christ : aller faire des disciples.

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