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Comment prêcher à une communauté divisée ? (deuxième partie)



Lors de notre précédente réflexion, nous avons analysé quatre questions que devrait se poser tout dirigeant face à une congrégation divisée. Avant de continuer, il serait bon de les remémorer :

1. Que dit la Bible au sujet de la réconciliation ?

2. Qu'est-ce qui se cache derrière les divisions de nos églises ?

3. Quel est l’état de mon cœur ?

4. De quel résultat suis-je responsable ?

Je vous invite à continuer cette réflexion avec les trois dernières questions.


5. Comment pouvons-nous avancer sur la base d’engagements partagés ?

Lorsque survient un conflit, les dirigeants se focalisent sur les points de divergences. Mais il y a un meilleur moyen.


Nous n'avons pas l’obligation, ni le temps, ni la force de résoudre tous les points de désaccord. C’est pour cela qu’il faut se poser cette question : comment pouvons-nous avancer ensemble sur la base d'engagements partagés ?

Au lieu d’attirer l’attention de tous sur les points de divergences qui occasionnent les conflits et les divisions, rappelez-leur souvent qu'ils sont unis en Christ. Parlez dans vos sermons de toutes les doctrines et tous les engagements que nous partageons.

Commencez par les bases. Jésus nous a donné deux grands commandements dans Matthieu 22 :36-40 et Marc 12 :30-31, disant à ses disciples d'aimer Dieu et d'aimer leur prochain comme eux-mêmes. Ce ne sont pas des options que nous devons choisir. Ce sont deux choses indissociables. Ce sont des mandats simultanés et qui se chevauchent pour les disciples de Christ. Comme le souligne 1 Jean 4:21, "... ceux qui aiment Dieu doivent aussi aimer leurs frères."


Dieu ne nous a pas appelés à aimer la division, et encore moins à la provoquer et à la perpétuer. Il nous a appelés à nous aimer les uns les autres. Lorsque nous sommes d'accord sur cette vérité, nos différences ne doivent pas nous empêcher de nous unir pour faire avancer le Royaume.


De même, la mission que Christ nous a confié dans Matthieu 28:18-20 nous invite à aller, à enseigner et à baptiser. Cela implique de quitter nos zones de confort, de proclamer l'évangile de la réconciliation et d'amener des étrangers dans la famille de Dieu.


Dans notre culture divisée et conflictuelle d'aujourd'hui, il est facile pour les gens d'être obsédés par les points de désaccord. Mais la prédication biblique réoriente les disciples du Christ vers leur mission commune et vers ce qui nous unit.

6. Quelles mesures pratiques puis-je prendre pour conduire l’église vers la réconciliation ?


Lorsque tout le monde est d'accord sur les principes fondamentaux et sur ce qui nous unit, la sixième question est la suivante : Quelles mesures pratiques puis-je prendre pour conduire l'église vers la réconciliation ?


Commencez par comprendre les préjugés et laissez les gens s'exprimer. N’imposons surtout pas un silence qui devient mortifère en produisant rancune, amertume ou encore désir de vengeance.


Un auteur a déclaré : "Être humain, c'est être partial." Nous sommes tous aux prises avec des préjugés conscients et inconscients. Les deux contribuent à des interactions interpersonnelles malsaines avec nos fidèles et nos dirigeants.


Nous allons naturellement vers des personnes qui nous ressemblent, en termes d'ethnie, de statut socio-économique, de croyances, d'intérêts, d'opinions politiques, etc. Les spécialistes des sciences sociales appellent cette tendance le biais d'affinité.

Ce comportement peut être problématique, en particulier pour les leaders et responsables d'église. Si tous ceux qui gravitent au plus près de vous sont comme vous, cela limitera l'efficacité de votre ministère.


Votre groupe d'amis est-il diversifié ou homogène ? Entrez-vous en relation avec des dirigeants chrétiens d'autres confessions religieuses ou les considérez-vous avec suspicion ? Répondez-vous gentiment à ceux qui ne sont pas d'accord avec vous, ou les reprenez-vous durement ? Écoutez-vous autant que vous parlez ? Passez-vous par-dessus la tête des gens pour atteindre votre objectif, vous souciant peu de ce qu’ils disent et pensent ?


Demandez au Saint-Esprit de vous aider à éliminer les préjugés et à voir les gens comme Il les voit : des personnes que Dieu aime et que Jésus est venu sauver (Jean 3 :16).

Aussi, soyez prêt à faciliter les conversations difficiles. Nous sommes trop souvent hésitants à autoriser un désaccord public entre les fidèles. D’ailleurs certains font tout pour taire les désaccords. Mais un désaccord non-exprimés n’a pas disparu. Nous préférons la prévisibilité des environnements contrôlés. Nous aimons garder le contrôle. Les forums ouverts nous font peur. Sur ce sujet, je me souviens encore du temps où j’étais animateur sur la radio de la dénomination de mon église. J’invitais les pasteurs à intervenir sur des sujets qui pouvaient être sensibles. Les auditeurs pouvaient appeler pour donner leur avis. Beaucoup de pasteurs refusaient de participer à l’émission par peur des appels des auditeurs.


Et nous en arrivons à des assemblées où ne prennent la parole que les pasteurs. Aucune opportunité n’est donnée aux membres de s’exprimer. Nous assistons alors à des monologues ennuyeux et fatigants.


Cependant, il existe des environnements appropriés pour que les chrétiens parlent de leurs différences. Quelques exemples sont les petits groupes, les réunions de leadership ou les réunions publiques de l'église.


La création de tels espaces permettant aux membres de l'église de discuter des domaines de désaccord demande de la prière et une planification minutieuse. Il faut établir des règles dès le début de la séance (temps de parole de chacun, pas d’interpellation individuelle, pas de réponses d’un membre à un autre, chacun s’exprime en son nom personnelle, …). Dire la vérité avec amour n'est pas une autorisation à calomnier une autre personne. L'humilité, la gentillesse, la douceur et la charité sont essentielles.


Dans ces espaces, il n'y a pas de place pour un langage haineux ou diffamatoire. Il s’agit d’inviter chacun à reconnaître les comportements inappropriés et contraire à la Parole de Dieu et d’encourager à la repentance.


Lorsque les dirigeants, prédicateurs et leaders défendent la droiture et la justice, les membres de l'église apprendront à faire de même.


7. Quels thèmes et textes bibliques font références à nos assemblées divisées ?


Cette dernière question est importante. Il faut utiliser le texte biblique à bon escient pour que le message délivré amène à plus d’unité.


La Bible a beaucoup à dire sur les péchés qui nous divisent et sur le désir de Dieu pour l'unité dans l'Église. Incluez ces textes dans vos sermons. Soulignez les thèmes bibliques de l'isolement, du péché, de l'expiation et de la réconciliation, et discutez de la manière dont ils s'appliquent aux divisions dans votre congrégation, votre communauté et votre culture.

Ne craignez pas de prêcher sur des sujets sensibles. Cependant, prenez le soin d'abord de demander l'avis de votre pasteur ou de d’autres pasteurs, d’autres prédicateurs ou de dirigeants d’expérience qui ont un vécu sur ces questions.


Bien que toutes les Écritures soient inspirées de Dieu et utiles pour notre croissance, certains passages sont plus applicables à un sujet donné que d'autres. Prenez le temps de décortiquer le texte biblique en utilisant par exemple 1 Samuel 16 :7, Néhémie 5, Matthieu 6 :1-4 ou encore Jacques 2 :1-17. Dans un esprit de prière et d’humilité, réfléchissez au texte qui correspond le mieux à la situation de votre communauté, puis approfondissez-le.


Le ministère de la réconciliation


Certains chrétiens se demandent si la réconciliation est obligatoire. Ils se disent que l’on peut très bien fréquenter la communauté et simplement ne pas parler à certaines personnes. On pourrait très bien choisir de se séparer et de ne plus avoir aucun rapport avec les autres. En quoi cela serait-il grave se disent-ils ? Et ils ont vite fait de citer l’exemple d’Abraham et de son neveu Lot ; utilisant un texte biblique comme prétexte oubliant tous les autres nous invitant au pardon et à la réconciliation.

L'Évangile nous donne la réponse, nous rappelant que la réconciliation est au cœur de la mission de Dieu.

Paul l'exprime ainsi dans 2 Corinthiens 5 :17-19 :« Alors si quelqu’un est uni au Christ, il a été créé à nouveau. Ce qui est ancien est fini, ce qui est nouveau est là. Tout cela vient de Dieu. Il nous a réconciliés avec lui par le Christ et il nous a demandé d’annoncer cette réconciliation. Oui, c’est Dieu qui a réconcilié le monde avec lui, par le Christ. Il ne tient plus compte des fautes des êtres humains et in nous charge d’annoncer cette parole de réconciliation.» (Version Parole de vie)


Alors que nous prêchons le message de la réconciliation, incitant les pécheurs à se réconcilier avec Dieu, nous devons également aider les gens à se réconcilier les uns avec les autres.


C’est l’un des points sur lequel l’apôtre Paul attire notre attention dans l’épître aux Colossiens chapitre 3 aux versets 13 à 15: « Supportez-vous les uns les autres et pardonnez-vous si quelqu’un a un reproche à faire à un autre. Le Seigneur vous a pardonné, agissez comme lui. Et surtout, aimez-vous : l’amour est le lien qui unit parfaitement. Que la paix du Christ dirige vos cœurs ! Dieu vous a appelés à cette paix pour former un seul corps. Dites-lui toujours merci.» (Version Parole de vie)


La réconciliation n'est donc pas facultative. C’est une démarche dynamique et continuelle. Elle exige l'amour, la grâce et l'humilité qui découlent de l'écoute et de la réponse au message de réconciliation. Elle est le pur produit de la grâce et de l’action sanctifiante de l’Esprit Saint en nous.


Seul Dieu peut transformer les cœurs. Mais les sermons que vous prêchez peuvent montrer aux gens la nécessité de se repentir de leurs péchés, d'accorder le pardon à leur prochain et de mettre de côté le désir de gagner par des arguments qui n'ont aucune signification éternelle.


Prêcher à une congrégation divisée et appeler les gens à l'unité fait partie du ministère de la réconciliation. Toute personne qui a un ministère qui vise à partager, proclamer ou enseigner la Parole de Dieu doit s’inscrire dans cette démarche.


Pour témoigner à un monde incrédule, les chrétiens doivent se réconcilier les uns avec les autres. Pour terminer, il est important de se souvenir des paroles de notre Seigneur et Sauveur Jésus : « Ayez de l’amour les uns pour les autres. Alors tout le monde saura que vous êtes mes disciples » (Jean 13 :35). C’est le défi que Jésus propose à son église aujourd’hui.

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