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Dix choses à changer dans notre Eglise



Il m'arrive souvent, dans mes publications sur les réseaux sociaux, d'évoquer le besoin de changement dans nos communautés religieuses. Bien sûr, je parle ici de l'Eglise dont je suis l'un des membres: l'Eglise adventiste du septième jour. Je la connais et je ne peux parler que d'elle. Connaître c'est un bien grand mot et pourrait relever de la prétention. Mais je prends appui sur mon expérience personnelle, et ceci particulièrement depuis que je me suis quelque peu éloigné de toutes activités ou responsabilités ecclésiales.


Évidemment, certains ne sont pas toujours d'accord avec tout ou partie de mes points de vue, et c'est normal. Mon objectif n'est pas de convaincre sur la validité de ce que je vais dire, mais d'inviter chacun à une réflexion profonde sur nous-mêmes, sur nos pratiques et nos habitudes. Mon propos peut constituer la base d'une discussion sincère, authentique et respectueuse du point de vue des uns et des autres.


Certains ne voient pas l'utilité de changer quoi que ce soit et semblent penser à une sorte d'infaillibilité de l'Eglise. Pour ces personnes, l'Eglise de Dieu ne se trompe jamais, d'où la conclusion qu'il n'y a finalement rien à changer. Il est important à ce stade de notre réflexion de rappeler que l'Eglise est imparfaite parce que composée d'hommes et de femmes imparfaits. Il y a donc des décisions, des habitudes, des concepts qui ne collent pas à la réalité de ce que Dieu attend de son peuple.


Il y a donc l'impératif pour tout leader et tout membre d'église d'évaluer constamment ce que nous faisons au regard de l'objectif que Dieu nous révèle dans sa Parole. N'oublions pas que l'une des caractéristiques de l'être humain, est d'oublier. C'est l'une des choses que nous voyons sans cesse dans l'histoire du peuple hébreu. Dieu, à travers les prophètes, ne cesse de rappeler ses objectifs. Il y a donc une nécessité pour nous, individuellement et collectivement de nous arrêter pour faire le point sur notre fonctionnement, et avec honnêteté, regarder si nous sommes encore vraiment pertinent et efficace dans l'accomplissement de notre mission, ou encore si nous sommes en adéquation avec les objectifs qui sous-tendent notre existence.

Personnellement, je m'inscris dans cette nécessité de l'évaluation pour rester au plus près de ce que Dieu attend de nous. Pour moi, la question des changements continuels à faire ne se posent pas, la vraie question est plutôt de savoir ce qu'il nous faut changer. Il ne s'agit en aucun cas de faire un procès à des personnes en particulier. Il s'agit de poser la question de la pertinence et de l'efficacité des moyens, des projets, de notre structure organisationnelle et de nos méthodes pour accomplir la mission.

J'aimerai partager avec vous dix changements à opérer dans nos communautés. Ils ne viennent pas de moi. Ils sont inspirés dune série de tweets de Pasteur Marcos. J'avoue que je partage totalement son analyse.


Voici donc les 10 principales choses que je crois que nous devons changer pour que notre église redevienne efficace sur le plan missionnaire :


1. La centralité du sermon et du programme du sabbat doit disparaître. Cette tendance où nous venons chaque semaine pour entendre un sermon au lieu de développer des compétences pratiques pour la vie missionnaire tue notre efficacité. Faire du programme du sabbat matin LE SEUL programme important de l'église est une erreur fondamentale qui nous empêche d'être pertinent et efficace. Lorsque la participation au sermon du sabbat devient la mesure de notre engagement à la vie et à la mission de l'Église, nous nous fourvoyons. Nous devons mettre la même diligence dans l'organisation de tous les autres programmes de l'église: réunion de prière, réunion de jeunesse, réunion administrative, réunion de petits groupes, réunion de comité, .... Tout ces moments doivent être des occasions de croissance spirituelle et de préparation pour la mission. Nos familles doivent devenir les premiers centres de formation missionnaire.


2. La dépendance au pasteur doit disparaître. Cette tendance où les membres de l'église pensent que c'est le travail des pasteurs de faire les études bibliques, les visites et l'évangélisation et toutes autres activités tue notre efficacité. L'idée qui voudrait que seul le pasteur soit le seul porteur de toute la connaissance et que tout doit obligatoirement passer par lui empêche la libération d'énergie et de compétences que Dieu a mis dans chaque membre d'église. N'oublions pas: Le pastorat est un don spirituel comme tous les autres dons de l'Esprit. Il n'est pas au-dessus des autres dons. Il serait d'ailleurs important de rappeler que le pastorat est un don avant d'être une fonction, un ministère avant d'être un métier ou une carrière. Être pasteur, c'est comme tout chrétien, répondre à un appel de Dieu à servir. Oui, servir Dieu, servir l'église, servir les membres.


3. La primauté donnée aux programmes doit disparaître. Cette tendance où les gens pensent que l'église/l'évangélisation/le discipulat est un programme au lieu d'un mode de vie qui remodèle tout notre être tue notre efficacité. Nous avons trop souvent mis l'accent sur les programmes d'église (et uniquement à l'église) comme étant les seuls moyens d'évangélisation et de développement de notre foi. L'Eglise est ainsi vécue comme une succession de programmes et d'activités, et non comme un lieu où la dynamique relationnelle est primordiale. Le programme ne doit être qu'un moyen, pas une fin en soi. Il doit avoir pour objectif d'aider à créer une véritable communauté fraternelle où nous prenons soin les uns des autres tout en étant un centre d'entraînement où chacun apprend à découvrir et perfectionner ses dons spirituels.


4. La sacralisation du bâtiment doit disparaître. Cette tendance où les gens pensent que l'église est un bâtiment qu'ils fréquentent plutôt qu'un mouvement d'incarnation balayant la terre tue notre efficacité. L'Eglise au sens biblique n'est pas un bâtiment où un espace physique que l'on doit adorer. L'Eglise, c'est le rassemblement des personnes reconnaissant Jésus comme Sauveur et qui sont guidées par le feu de l'Esprit. Le dynamisme de l'Eglise ne dépend pas du bâtiment dans lequel on se réunit, et encore moins de sa grandeur ou de son architecture. Notre détermination aujourd'hui ne doit pas être de construire des bâtiments de plus en plus grand, mais de construire des communautés fraternels et inclusifs où règne l'Esprit de Dieu. Des communautés où nous apprenons à vivre dans la collaboration et non dans la compétition. Des communautés où nous nous soutenons mutuellement dans notre marche chrétienne sans jugement et sans accusation. Des communautés où l'acceptation de l'autre en tant que personne est évidente et visible. Une Église où nous apprenons à regarder l'autre avec les yeux de Jésus. Cela n'a rien à voir donc avec un bâtiment particulier. Le véritable temple dans lequel Jésus veut habiter, c'est notre cœur. Et la véritable Église, c'est la rencontre d'au moins deux personnes qui invoquent le nom de Dieu.


5. La position de spectateur doit disparaître. Cette tendance où les gens pensent que l'église est une grande foule de spectateurs consommant un «service» tue notre efficacité. Nous devons nous penser en un réseau de petites communautés où chacun participe, axées sur les relations et sur la mission, dispersées dans nos villes. Il nous faut sérieusement reconsidérer notre manière de faire église. Les programmes d'églises ne sont pas un produit de consommation, un instant de divertissement et encore moins un spectacle. Nos divers programmes ne sont pas non plus une liste de courses dans lequel chacun choisit ce qui lui plaît le plus. En gros, ce ne sont pas des bons moments auxquels nous sommes invités à assister. Chacun doit se sentir impliqués et participants et être conduits à Dieu. Chacun de nos programmes doivent imprimer en nous en même temps, le sentiment de notre indignité, la joie de l'acceptation de la grâce et notre reconnaissance à Dieu pour ce salutgratuit. Il faudra donc sérieusement réfléchir à la notion de petits groupes et créer une structure organisationnelle qui permette à chacun de découvrir le don que le Seigneur a mis en lui. Une organisation où chacun est impliqué et joue humblement son rôle selon le don reçu de Dieu. Avouons que cela est difficile à mettre en œuvre dans la configuration actuelle de nos églises. Il faut donc révolutionner notre organisation. La structure de base de notre organisation ne doit pas simplement être les églises locales mais des structures plus petites et à taille humaine. Appelons les comme nous voulons: petits groupes, cellule de croissance, groupes de maisons... Sans cette révolution, nous continuerons à créer une génération de spectateurs, une assemblée de consommateurs de programmes.


6. Une dépendance accrue à l'organisation. Cette tendance où le ministère tourne autour de départements figés dans le marbre de notre Manuel d'église tue notre créativité. Nous devons revenir à la notion de dons spirituels surnaturels que l'Esprit distribue à tous ceux qui ont accepté Jésus comme Sauveur et Seigneur. Chacun a reçu un don spirituel et nous ne devons pas fonctionner uniquement autour d'un manuel mais selon les dons reçus et présents en chacun dans la communauté. Des dons qui existent dans un contexte et selon les besoins de la communauté et du lieu où évolue la communauté. Il y a une dimension spirituelle en plus de l'organisation que nous occultons. Les problématiques ne se résolvent pas toujours avec les mots et procédures du Manuel d'église, mais lorsque nous demandons au Seigneur de nous révéler sa volonté dans un espace, un contexte et un temps donnés. Il ne s'agit pas de rejeter le Manuel d'église, mais simplement d'être assez sage pour reconnaitre que le Manuel n'a pas réponses toutes faites à toutes les problématiques dans toutes les situations que nous rencontrons dans nos communautés. Il s'agit de nous appuyer premièrement sur Dieu et de considérer l'organisation comme un moyen pour mieux accomplir la mission et non comme une fin en soi.


7. L'uniformité doit disparaître. Cette tendance où nous voulons que chaque communauté sur un territoire fasse la même chose en même temps et fonctionne de la même manière au lieu de contextualiser ses méthodes et actions aux besoins et à la culture uniques de notre environnement tue notre efficacité. Une communauté dans un milieu urbain ne peut ressembler à une communauté dans un milieu rurale. Une église où la majorité des membres sont des personnes âgées ne peut avoir les mêmes programmes et stratégies d'évangélisation qu'une église où les jeunes sont majoritaires. Une église avec 300 membres ne peut ressembler à une communauté de 50 membres. Pour tous, cela semble évident. Pourtant, dans la réalité, nous tombons dans la facilité de l'uniformité, sans chercher à déceler les particularités, non seulement de notre communauté, mais aussi de l'environnement qui l'entoure. Cela demande donc à ceux qui sont appelés à diriger de connaître leurs églises et chacun des membres, d'être attentifs aux différents dons et compétences présents dans la communauté, de prendre en compte l'environnement où est implanté la communauté. Tout cela demande du temps, de la prière et une bonne dose de consécration. Nos programmes doivent coller aux besoins du lieu où notre communauté est implantée. Si le message est le même partout, les stratégies ne peuvent être les mêmes. C'est comme votre facteur. Sa mission: distribuer le courrier. Mais la manière de le faire dépendra du lieu dans lequel il est: il le fera à vélo, à pied ou en voiture. Et des fois, il devra combiner les trois méthodes; son objectif restant le même.


8. Idolâtrie eurocentrique. Cette tendance où les gens pensent que la sainteté est définie par le caractère européen de notre musique, de nos vêtements et de notre culture plutôt que par la nouvelle humanité radicale vers laquelle Jésus nous appelle, tue notre efficacité. Penser que le seul standard de vie chrétienne, la seule façon d'adorer, le seul style de musique, la seule manière convenable de s'habiller est le style européen ou occidental est une erreur. Nous nous efforçons d'entrer et de faire entrer les personnes dans une culture qui n'est pas la leur. Nous avons oublié que le changement vers lequel le Christ nous appelle n'est pas de tendre vers une culture humaine particulière, c'est un changement radicale dans lequel le Christ devient le centre et nous libère de toute entrave. Un changement radicale qui est révolutionnaire et qui n'a pas de ressemblance avec une quelconque culture humaine. Il s'agit d'une nouvelle manière de vivre qui n'ignore pas qui nous sommes, qui n'efface pas notre personnalité, notre histoire ou notre culture. Il nous faut donc, dans la prière et dirigé par l'Esprit, nous mettre d'accord sur ce qu'il est possible de faire dans tous les domaines de notre vie chrétienne. Arrêtons de culpabiliser ou de critiquer ceux qui ne feraient pas exactement comme nous. Dans le cadre donné par la Bible, il y a une infinité de manière de faire.


9. Détachement social. Cette tendance où les gens se contentent d'assister à des événements religieux tout en ignorant les injustices et les souffrances de notre environnement social tue notre efficacité. Nous nous faisons trop souvent spectateurs des crises sociales ou autres se déroulant dans l'environnement de nos communautés. Nous semblons insensibles à ce qui arrive aux personnes qui ne font pas partie de nos communautés. Nous sommes silencieux dans les débats de société. Et dans le même temps, nous voulons aller chercher ces mêmes personnes pour leur présenter l'Evangile. Pourtant, nous ignorons tout ce qui les intéressent. Peut-être que la grosse difficulté est que nous n'avons pas appris à trouver dans la Bible des réponses aux problématiques actuelles. Nous avons perdu toute empathie envers les personnes au point de les considérer juste comme des oreilles qui doivent entendre notre message sans écouter ce qu'ils ont à nous dire. Nous n'avons pas appris à partir de là où les gens sont pour leur présenter un message qui les aident à comprendre que la Bible a vraiment un message pertinent pour notre temps. L'Eglise doit s'intéresser aux questions de la société qui l'entoure en apportant des réponses pertinentes basées sur la Bible. Et des fois, il nous faut admettre que la Bible n'a pas de réponses claires sur certains sujets et que chacun doit en conscience faire les choix qu'il estime le mieux pour lui, dans la situation qu'il vit.


10. Un leadership basé sur le pouvoir. Cette tendance où nous considérons le leadership et la direction de l'église comme une hiérarchie de pouvoir au lieu d'une communauté de service mutuelle et d'abandon de soi tue notre efficacité. Nous avons introduit dans notre fonctionnement ecclésiale une notion de hiérarchie qui n'est pas biblique. Je parle ici d'une hiérarchie d'individus sui estiment avoir un certain pouvoir sur d'autres de par leur fonction ecclésiale. Nous avons même hiérarchisé les dons spirituels; certains devenant plus importants que d'autres. Et nous avons même ajouté une dimension de sexe dans les dons en enseignant que certains dons ne seraient réservés qu'aux hommes. Nous fonctionnons avec des notions de pouvoirs et de luttes de pouvoir qui éclipsent totalement la notion de dons spirituels. Le leadership semble être réservé à des professionnels ou des habitués. S'installent alors des luttes pour arriver en haut, des intrigues pour conquérir des postes et les privilèges qui vont avec. Ce qui engendrent des conflits interminables, gaspillent notre énergie et installent une atmosphère délétère dans nos comités et conseils d'administration. Bien sûr, cela n'est pas vrai partout. Mais l'Église doit revenir à la notion de service basée sur les dons spirituels. Nos leaders et dirigeants doivent revenir à une posture d'humilité. Personne n'est qualifié pour comprendre parfaitement à lui tout seul comment diriger le peuple de Dieu (revoyons le conseil de Jéthro à Moïse). Mais mieux encore: l'église n'est pas une entité qui se dirige comme une entreprise. Nous ne pouvons concevoir la direction de l'église avec des concepts modernes de leadership ou de management, même s'ils peuvent aider. Il y a une part de spirituel et de surnaturel dans la direction de l'Eglise que nous ne pouvons saisir que si nous sommes dirigés par l'Esprit. Nos principes de direction doivent promouvoir la collaboration, l'unité et non la compétition. Seul l'amour de Jésus en nous peut permettre cela. Seule le changement radical produit par la grâce peut nous amener à une conception saine et biblique du leadership.


Si nous voulons prendre le temps d'analyser chaque échec missionnaire dans nos communautés, nous pouvons les attribuer à au moins l'un de ces dix points. Nous pouvons prêcher sur le réveil personnel toute la journée (et nous le faisons) mais à moins que les systèmes qui nous endorment ne soient changés, nous ne verrons jamais de réveil et de réforme. Nous ne pouvons promouvoir le réveil sans éliminer tout ce qui nous endort. Nous ne pouvons prier pour le réveil sans véritablement arrêter de prendre ses somnifères qui nous empêchent de parvenir à une réforme vraie et durable. Pour cela, il faut le courage de reconnaître notre situation, d'en prendre la pleine responsabilité, et de nous tourner individuellement et collectivement vers Dieu pour un changement de notre système d'exploitation ecclésiale. Oui, il faut passer à une autre version de notre vécu d'église. La nouvelle version est disponible: Arrêtons d'utiliser une version obsolète, périmée, lente et inefficace. Dieu est prêt à installer une nouvelle version.

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