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Quand une certaine religion tue l'humanité en nous...

Je voudrais m'adresser à toi. Oui, à toi qui es en train de me lire. Je voudrais un vrai tête à tête avec toi autour de ce thème. Ne sois pas trop pressé de réagir ou de répondre. Ne t'arrête surtout pas au titre Ne réfléchis surtout pas à ce que tu vas me répondre avant d'arriver à la fin de ce que je veux te dire. Lis simplement et ensuite analyse.



Tu connais sûrement la Parabole du Bon Samaritain. Inutile donc de te la raconter en détail. Si tu l'as oublié, je t'invite à la relire dans les Évangiles (Luc 10: 29 à 37). Et là, je t'entend penser: "Mais qu'est-ce que cela a à voir avec son titre ?" Patience. Ecoute jusqu'à la fin et verras.

Dans cette parabole, Jésus présente divers personnages confrontés à une même situation: sur une route réputée dangereuse, il passe tous devant un homme, battu par des brigands, ensanglanté au sol. Proche de la mort. Jésus ne dit pas simplement que tel ou tel homme passe. Il décrit leur métier, leur fonction. Et cela ramène automatiquement à des valeurs, des croyances, une éthique ou une morale. Ce sont un prêtre et un lévite. Deux fonctionnaires du temple. Deux spécialistes de la religion. Aujourd'hui, nous pourrions remplacer ces termes par pasteur, théologien, frère ou sœur d'un ordre ecclésiastique quelconque, diacre, leader religieux,... ou simplement un chrétien. Oui simplement.


Ces hommes passent et trouvent toutes sortes d'excuses pour ne pas agir et réagir face à la misère de celui qui est là, devant eux. Ils le voient, entendent son souffle difficile. Ils peuvent voir le sang coulé de ses plaies béantes, son visage tuméfié. Et pourtant, ils ne réagissent pas. Ou plutôt leur seule réaction st de détourner le regard. Ces professionnels de la foi, de la religion semblent ne pas comprendre ce qui est en train de se dérouler devant eux. Et quand bien même leur éthique chrétienne ne les fait pas réagir, leur humanité devrait se sentir concerné devant le drame de cet homme souffrant et au bord de la mort. Mais, dans notre histoire, rien. Aucune réaction. Et Jésus, qui raconte cette histoire, prend soin de décrire l'attitude de ces deux hommes: tous deux changent de route et continuent leur chemin.

Tu sais, dans cette parabole, toi et moi, nous aimons à nous identifier au Bon Samaritain. Mais finalement, ne nous arrive-t-il pas d'être ces deux hommes ? Oui, toi et moi. Les champions de la foi, les défenseurs de la Bible. Les spécialistes de la foi. Ne nous arrivent-ils pas de détourner les regards sur les misères qui nous entourent ? Ne sommes-nous pas des fois (ou souvent, tout dépend du degré) atteint de cette cécité spirituelle qui nous cache la réalité de la misère des autres ? N'avons-nous pas des fois les yeux tellement rivés vers le ciel que nous perdons de vue l'humanité ? Ne sommes-nous pas des fois tellement spirituels que nous en avons perdu toute humanité ?

Si Jésus devait raconter cette parabole aujourd'hui, il ajouterait sûrement à ces hommes un téléphone portable. Ceux-ci l'auraient utiliser pour faire une ou deux photos qu'ils mettraient sur les réseaux sociaux ou montreraient à leurs amis. Oui, rien que ça. Ce te dit sûrement quelque chose, n'est-ce pas ?


Dans notre histoire, nous pourrions trouver toute sortes d'excuses. Ces deux hommes ont du penser que cet homme était déjà mort ou proche de la mort et que cela ne servait plus à rien de rester là. De plus, s'arrêter c'était prendre le risque de se faire aussi attaquer par le brigands. Ouais, c'est une excuse qui se tient. mais quand même. Il se aussi que ces deux hommes se rendaient à l'Eglise. Ce sont deux responsables, ils ne peuvent pas se permettre d'arriver en retard: cela ne donne pas une bonne image d'un dirigeant d'église. Donc, si je comprends bien l’image d'un dirigeant d'église est plus importante que la vie d'une homme ? Arriver à l'heure serait plus important que secourir un être humain blessé ? Il nous faudra trouver un bon avocat pour défendre cette thèse. Et ce n'est tellement pas crédible, que le meilleur des avocats avec tout l'argent que nous lui donnerions ne pourrait nous défendre. Alors, on pourrait aussi trouver l'excuse des habits propres que l'on ne veut pas salir. Ils allaient au temple quand même. ce n'est pas bien d'arriver au temple avec un vêtement sale et froissé. Quand même, ils sont dirigeants. Nous pourrions aussi dire qu'ils n'étaient pas qualifiés. Ne rien faire par peur de faire pire. Ouais... mais non, cela ne tient pas. Parce que finalement qui est qualifié pour faire face à la misère des autres ? Des fois, juste une présence, un regard bienveillant, une écoute vrai et sincère peut apporter un soulagement à celui qui souffre et même une certaine guérison.

Peut-être que tu comprends mieux mon titre maintenant: il y a dans notre monde une certaine religion qui tue l'humanité en nous. Une religion qui n'est que dans le discours et pas dans les actes. Une religion qui se focalise sur ce que pensent les autres au lieu de faire appel au devoir et au bon sens le plus élémentaire. Une religion qui se vit uniquement dans les lieux de culte et pas dans la vie de tous les jours.


N'oublie pas la raison pour laquelle Jésus raconte cette histoire. Il répond à la question d'un chef religieux. Celui-ci pose la question suivante: "Qui est mon prochain ?" Et Jésus lui répond avec cette histoire.


Lorsque je lis cette histoire, il est toujours très facile de m'y projeter et de prendre le bon rôle: celui du samaritain. Mais quand j'y réfléchis bien, il m'arrive d'être ce prêtre et ce lévite. C'est difficile de le dire. Pénible de le reconnaître. Mais que de fois je me suis enfermé dans ma religion en oubliant les autres, et particulièrement ceux qui en ont besoin. Jésus aurait pu faire un long discours théorique pour répondre à la question, mais il a choisi une histoire. Une histoire qui m'interpelle et me dérange. Une histoire qui m'émeut et me fâche. Mais aussi, une histoire qui m'incite à un retour sur moi-même.

La foi, la religion du Christ n'est pas affaire de rites et de programmes, mais c'est d'abord ma capacité à m'ouvrir aux autres. Plus je me rapproche du Christ, plus je deviens sensible à l'autre. Plus je vis en intimité avec le Christ, plus mes yeux s'ouvrent à la misère des autres. Et ce regard que je porte n'est pas un regard de dégoût ou un regard hautain. Non, c'est un regard de compassion, rempli de bienveillance. La religion, c'est du relationnel. Un relationnel à double dimension: avec le Divin et avec l'humanité. Toute humanité. Sans distinction. La religion, c'est ressentir en moi ce que l'on fait à l'autre et me sentir pleinement concerné.


Alors, tu comprends mieux mon titre. Prie pour moi afin que ma religion ne tue pas l'humain en moi. Personnellement, je prierai pour toi en ce sens. J'ai besoin du Divin en moi, d'avoir ce regard d'amour de Dieu sur l'humanité. D'avoir cette tendre compassion du Christ. Oui, prie pour moi en ce sens et je prierai pour toi.

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