Nous sommes tous d’accord pour l’admettre : la pandémie du COVID 19 a mis un coup d’arrêt à plusieurs projets. Dans les entreprises, collectivités et autres organisations, les projets en cours ont été stoppés. Les projections sur l’avenir ont été mis entre parenthèses, attendant que les conditions soient plus favorables.
Dans nos communautés aussi, les choses n’ont pas été évidentes. Les choses ne sont pas déroulées comme nous les avions prévus. Les budgets prévisionnels n’ont pu être suivi car de nouvelles dépenses non prévues ont fait leur apparition : achat de masques et produits divers de luttes contre le COVID-19. Il faut aussi souligner que la non-présence des membres a aussi diminué les fonds nécessaires à l’accomplissement de la mission et au fonctionnement des églises.
Les confinements et autres quarantaines nous ont empêchés de nous rencontrer en présentiel. Et lorsque les cultes pouvaient se faire, ils avaient lieu avec un nombre restreint de membres. Difficile donc de fonctionner normalement et de mettre ne place les programmes habituels : plus de concerts, plus de grands rassemblements, plus d’efforts d’évangélisation de masse.
Du jour au lendemain, nous avons dû trouver un plan B pour continuer à fonctionner, pour continuer à exister. Il fallait trouver des solutions pour continuer être efficace dans nos ministères spécifiques dans des conditions inédites et difficiles. Nos services au temple ont été mis en ligne. Des applications numériques ou d’autres organisations ont été mises en place pour permettre à chacun de remettre sa dîme et de donner ses offrandes. Nous avons aussi trouvé d’autres manières de servir. Des jeunes et moins jeunes ont investi les réseaux sociaux en créant des contenus pour non seulement partager et entretenir leur foi, mais aussi continuer à apporter l’espoir dans ce temps troublé. Des initiatives d’évangélisation individuelles et nouvelles ont vu le jour en dehors du cadre même de l’organisation de l’Église. Nous avons vu une certaine libération de l’énergie créative pour permettre à l’Église de continuer à fonctionner et à accomplir sa mission.
Tout cela a un nom : l’innovation. Malgré les difficultés, les freins, les obstacles, nous avons fait preuve de créativité pour continuer à porter le message de l’Évangile. Nous sommes sortis de nos habitudes, de nos zones de confort pour chercher des méthodes pour continuer à être le Corps de Christ dans ce monde.
Nous pourrions définir l’innovation comme l’introduction dans notre organisation de procédés nouveaux ou significativement amélioré par rapport à ce qui se faisait auparavant. L’innovation, c’est le changement que l’on apporte à ce que l’on fait pour s’adapter à la situation existante. J’aimerai vous proposer deux réflexions autour de ce thème.
Dans le monde religieux, durant cette période de pandémie, les églises qui ont pu changer rapidement de direction ont progressé. Certaines églises se sont adaptées lentement et ont survécu. Mais, il y a aussi Certaines communautés, aux Etats-Unis notamment, qui n'ont jamais pu apporter les modifications nécessaires et ont fermé leurs portes.
L'innovation est nécessaire et inéluctable parce que nos circonstances changent constamment. Les changements sont inévitables dans un monde en perpétuel évolution. Ces derniers mois ont été un laboratoire d'apprentissage que nous devons analyser et évaluer. Quelles innovations devons-nous continuer à mettre en œuvre à l'avenir ?
L’innovation : un paradigme biblique
La période de la pandémie n'a pas été la première durant laquelle les croyants faisaient preuve de créativité dans le ministère. L'histoire de l'Église regorge d'exemples de la manière dont l'innovation a permis à l'Évangile de progresser.
La Bible que nous possédons et sommes fiers de tenir en main est un exemple de deux innovations : la traduction de l'Écriture de ses langues d'origine vers la langue vernaculaire et l'utilisation de l'imprimerie pour produire des copies abordables.
Plus important encore, la Bible est un récit des nombreuses façons créatives dont le peuple de Dieu a mené à bien la mission rédemptrice de Dieu dans le monde.
Considérez le livre des Actes, par exemple. Jésus a dit à ses disciples : « Vous recevrez une puissance lorsque le Saint-Esprit descendra sur vous ; et ils seront mes témoins, et ils parleront de moi partout : à Jérusalem, dans toute la Judée, à Samarie, et jusqu'aux endroits les plus reculés de la terre. » (Actes 1 : 8). Chaque phase d'expansion géographique nécessitait des changements dans la façon dont l'église servait le peuple. Il fallait des méthodes différentes pour atteindre des peuples aux us et coutumes différentes.
Paul a saisi l'essence de ces changements lorsqu'il a écrit : « Je suis devenu tout pour tous, afin d'en sauver quelques-uns par tous les moyens possibles. » (1 Corinthiens 9 :22). Cette phrase de l’apôtre Paul est la base de toute innovation. Pour ce grand missionnaire, toute innovation a un but. Il ne s’agit pas de changer pour changer, mais de chercher à atteindre pour apporter le salut.
Pour Paul et les premiers chrétiens, le message de l'évangile n'a jamais changé : « Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs » (1 Timothée 1 :15). Mais les méthodes qu'ils utilisaient pour communiquer le message ont changé. La mission reste la même, mais les stratégies et méthodes évoluent. Elles changent.
Lorsque la mission est notre priorité, et elle l’est certainement, nous ne l'abandonnons pas. On ne la met pas de côté ! Il y a trop de choses en jeu. Comme les amis du paralysé dans Marc 2 : 1-21, nous trouvons une voie à suivre. Nous innovons. Cette histoire est une formidable expérience qui parle d’innovation.
Dans cet épisode de l’Évangile, ces hommes ont amené leur ami à Jésus parce qu'ils savaient qu'il pouvait accomplir des miracles. Mais quand ils sont arrivés à la maison où Jésus enseignait, ils n'ont pas pu entrer parce qu'il y avait trop de monde. L’entrée est totalement encombrée. Comment faire ? Alors, ils soulevèrent l'homme sur son brancard jusqu'au toit, firent une ouverture et le descendirent. Quand Jésus a vu l'homme, il lui a d'abord pardonné puis l'a guéri.
Il y a plusieurs leçons à tirer de cette rencontre ubuesque entre un homme malade et Jésus. Sur le plan théologique, nous découvrons que Jésus a le pouvoir de pardonner et le pouvoir de guérir (verset 10). Sur le plan spirituel, nous comprenons que nous devons mettre notre foi en lui, tout comme le paralytique et ses amis l'ont fait (verset 5).
Mais en considérant l'effort que les amis du paralysé ont fait pour le rapprocher de Jésus, nous pouvons aussi tirer plusieurs leçons sur l'innovation qui s'appliquent à notre contexte actuel.
Premièrement, la question la plus importante dans toute innovation dans nos communautés est de faciliter l'accès à Jésus. Lui seul a le pouvoir de pardonner et de guérir. Si nos programmes d'église ou encore nos ministères ne conduisent pas les gens à rencontrer Jésus, nous ne les aidons pas. Tout ministère qui empêche les gens d'avoir accès à Jésus doit être changé.
Deuxièmement, l'innovation survient souvent en période de besoin. Habituellement, ce qui motive les gens à venir à Jésus, c'est une sorte de besoin. Dans le cas de cet homme, le besoin pressant était la guérison. Les innovations de ses amis visaient à l'amener à Jésus pour répondre à ce besoin.
Cependant, l'homme avait un besoin plus profond : être pardonné. Nous ne savons pas si le paralysé ressentait ce besoin. Pourtant, Jésus a répondu aussi à ce besoin.
L'innovation dans l'église doit toujours répondre à nos besoins les plus profonds. Le but de notre cheminement de disciple devrait toujours être de répondre aux besoins les plus profonds à travers l'évangile. S'il y a un obstacle pour cela, retirez-le.
Troisièmement, l'innovation fonctionne mieux lorsqu'il y a collaboration. La chance qu'un homme à lui tout seul puisse amener cet homme paralysé à Jésus était mince. Mais avec chaque personne supplémentaire prenant un coin du lit, les chances de l’amener vers la guérison augmentaient.
Les membres de l'église sont des personnes avec qui nous servons, pas des personnes dont nous nous servons ou à qui nous servons. Ils doivent être des participants actifs de la mission de l’Église, et non des bénéficiaires passifs de celui-ci. Notre travail en tant que ministres est « d'équiper le peuple de Dieu pour l'œuvre de service, pour édifier le corps de Christ » (Éphésiens 4 :12). Nous avons vraiment besoin les uns des autres ! Nous sommes complémentaires et interdépendants.
Une quatrième leçon est que parfois la résolution de vieux problèmes crée de nouveaux problèmes. Lorsque la foule autour de la maison a bloqué l'accès des amis à Jésus, ils ont mis en place une nouvelle stratégie. Un trou de la taille d'une civière a résolu le problème de l'accès du paralytique à Jésus, et en même temps a créé un problème sur le toit du propriétaire de la maison.
Votre église est confrontée à un problème et vous avez besoin d'une solution. Nous aimons tous avancer de la manière la plus ordonnée et la plus simple. Mais parfois, la meilleure réponse nécessite plus de travail et la suppression de plusieurs obstacles.
Considérez, par exemple, la diffusion en direct. Bien que les églises aient trouvé des plateformes gratuites pour diffuser leurs services en ligne, beaucoup ont dû acheter de nouveaux équipements, former des volontaires et nommer quelqu'un pour modérer la conversation.
Cinquièmement, l'innovation engendre l'opposition. Lorsque vous réorganiserez le statu quo (l'ordre établi), il y aura ceux qui s'opposeront à vous.
Nous le voyons dans le ministère de Jésus. En fait, les maîtres de la loi pensaient que Jésus blasphémait lorsqu'il prétendait avoir l'autorité de pardonner les péchés (Marc 2 : 6-7). Plus tard dans le même chapitre, ces chefs religieux ont continué à se plaindre de l'habitude de Jésus de "manger avec les collecteurs d'impôts et d'autres pécheurs" (verset 16).
La théologie de Jésus était-elle novatrice ? Que Dieu puisse pardonner les péchés n'était pas une nouvelle vérité. Par contre, Dieu incarné en Jésus, lui donnant le pouvoir de pardonner les péchés, était certainement une nouveauté pour les pharisiens.
Ce diner de Jésus avec ceux que l’on considérait comme mauvais est vraiment ce que l’on peut qualifier d’innovation dans le ministère. Il violait la tradition pharisaïque sur le genre de personnes avec qui on peut partager la table. Notez que la motivation de Jésus était d’avoir un accès direct aux personnes (les « pécheurs ») qui avaient le plus besoin de Lui (verset 17).
Face à l'opposition à l'innovation, nous devons peser les avantages par rapport aux coûts. Si par le biais d'un ministère innovant nous avons atteint de nouvelles personnes avec le pouvoir transformateur de l'évangile, cela vaut vraiment le coût de l'opposition.
Enfin, il faut être prudent et ne pas s'installer trop vite dans la nouvelle situation. Revenez au début de cette histoire : il devient clair qu'elle aurait pu prendre un cours très différent sans la persévérance et la foi de l'homme et de ses amis.
Il y a eu de nombreux moments où le paralytique aurait pu dire : « C'est trop. Ramenez-moi à la maison. » Ou les amis auraient pu dire : « Eh bien, nous avons essayé. Désolé, mais ça ne va pas t'arriver. »
Chaque fois que nous rencontrons des problèmes, nous sommes tentés d'ignorer les alternatives possibles, car elles semblent tellement hors de portée. Trop souvent, nous nous contentons de ce que nous avons ou faisons parce que le familier est la seule chose que nous connaissons, mais ce n'est pas la plus souhaitable. Nous connaissons alors cette résignation qui nous invite à accepter les choses comme elles sont.
On entend souvent l'expression : « C'est la vie » ou encore « C’est comme ça ». Cette perspective, bien que déguisée en contentement, n'est le plus souvent qu'une simple résignation. Et cela est pire quand celui qui prononce cette phrase voit très bien que cela ne fonctionne plus ou n’atteint pas les objectifs attendus.
Dieu voit la situation dans laquelle nous nous trouvons, mais veut nous amener là où nous devons être. Il est capable de faire ce que nous ne pouvons pas faire. C'est l'une des nombreuses raisons pour lesquelles nous le recherchons continuellement dans la prière. Nous offrons à Dieu ce que nous ne pouvons pas résoudre par nous-mêmes et Il travaille, à la fois en nous et à travers nous, pour sa gloire et notre bénéfice.
En fin de compte, l'innovation est la puissance créatrice de Dieu qui travaille à travers nous.
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