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J'en ai marre des programmes d'église... (1ère partie)

Dernière mise à jour : 3 déc. 2023


Je partage avec vous une réflexion que j'ai commencé alors que j'étais assis dans une église un sabbat matin. J'ai écrit les mots comme ils venaient sans chercher vraiment à construire un texte. J'ai écrit comme je vous aurai parlé. Allez jusqu'au bout de la lecture. Entendez-moi avant d'avoir un avis quelconque! Comprenez-moi avant de porter un jugement!

J'en ai marre des programmes d'église ! J'en ai marre de notre définition de l'église! Mes propos sont peut-être forts. Mais j'en ai marre que l'église ne soit vécu que comme un bâtiment dans lequel nous nous rassemblons pour assister à un programme. Juste un évènement totalement déconnecté de notre vie quotidienne. En dehors de nos besoins profonds. Un temps figé dans sa forme quel que soit la réalité du monde qui change autour de nous. Une routine qui peut devenir rapidement ennuyeuse.



J'en ai marre de ma définition de l'église! J'en ai marre d'aller m'asseoir dans un lieu pour simplement assister à un programme. D'année en année, je me rends compte que cela ne satisfait pas un besoin profond chez moi. Cela ne remplit pas un vide que je peux ressentir. J'en ressors frustré. Insatisfait. Avec un sentiment profond d'inachevé. Et des fois même avec la sensation que nous sommes en train de gâcher un cadeau formidable donné par Dieu. Le sentiment d'une sous-utilisation de ce moyen donné par Dieu et qui devrait participer à notre restauration. La conviction que l'église ne joue plus son rôle et a perdu son sens véritable. Je ne parle pas ici de la mission (pas encore!). Je parle de la raison d'être de l'église. De son essence même. J'en ai marre que notre évaluation spirituelle soit basé uniquement sur notre fréquentation ou non des programmes d'église. Si j'y viens tout le temps, je suis considéré comme un chrétien en bonne santé spirituelle. Pourtant, la Bible nous présente des personnes très actives dans leur vie religieuse et qui ne connaissaient pas Dieu en réalité. Si je ne fréquente pas les réunions de l'église, je présente alors les signes d'un manque de foi ou d'un abandon des principes fondamentaux de l'Évangile. Ceci sans aucune discussion. Sans communication. Sans dialogue. Sans une empathie amenant à prendre en compte l'autre dans sa personne et dans son expérience unique. La non-présence aux activités communautaires est de façon catégorique vu par beaucoup comme une faute morale grave voire comme un abandon de la foi. Mais les choses ne sont pas aussi simples que cela. Les choses sont bien plus complexes que cela. Combien de personnes ont été blessés dans ce lieu même qui devait participer à leur guérison et à leur restauration ? Combien ont été fondamentalement déçus par des conflits datant de Mathusalem et dont les effets réapparaissent de manière cyclique sans qu'ils ne soient véritablement réglés ? Combien de personnes n'ont jamais trouvé cette fraternité véritable, ce soutien authentique et cette amitié sincère capable de leur permettre d'entrer dans une dynamique de changement véritable ? Alors je sais que face à ces questions et comme pour nous dédouaner ou botter en touche, nous avons une panoplie de phrases toutes faites qui refusent simplement d'entendre et de comprendre l'autre dans sa singularité. Ces phrases sont, pour ne citer que quelques-unes: "Nous venons à l'église pour Dieu, pas pour les autres." "C'est Jésus qui t'a sauvé, pas un membre d'église." "Si tu ne viens pas à l'église parce que quelqu'un t'a blessé, c'est que tu n'avais pas accepté Jésus."


Ces phrases, je les ai tous entendues et il y en a bien d'autres. Et des fois même du haut de la chaire par des prédicateurs et des pasteurs chevronnés. A la suite de ces déclarations, je ne me suis jamais joint aux amen retentissants. Je sais ce que j'ai déjà vécu dans l'église. Je suis conscient que tous n'ont pas la même force que moi. Ces phrases toutes faites traduisent pour moi une mauvaise compréhension de ce que doit être l'église. Et pour moi, la faute ne doit être mis à l'endroit de celui qui ne vient pas, mais de celui qui prononce ce genre de phrase généraliste sans jamais avoir pris le temps de comprendre une situation. Empathie: zéro pointé ! Ces phrases disent en filigrane que la seule relation qui compte finalement est celle que nous avons avec Dieu. Les relations avec les autres ne sont pas importantes. Si cela est vrai, à quoi donc sert l'Église ? J'en ai marre dans une église où j'ai du mal à parler de manière authentique. Du mal a m'ouvrir avec sincérité sans avoir le sentiment d'être jugé ou que mes propos soient rapportés avec des ajouts ou des sous-entendus que je n'avais nullement au départ. J'en ai marre de cette église où je ne peux pas être moi-même et au sein de laquelle, implicitement, je me sens obligé de jouer un rôle qui, à la longue, me pèse et m'emprisonne. Si j'arrive à l'église le samedi matin avec une mine fatigué des luttes que j'ai du mener durant toute la semaine, il se trouvera quelqu'un du haut de la chaire pour me dire qu'on ne peut pas être triste, fatigué ou embêté à l'église. Le faire, c'est manquer de foi. Je dois laisser mes problèmes à la porte du lieu de culte. Comme si c'était aussi facile! Aller dire cela à la femme qui est sous l'emprise d'un conjoint violent. Ou cette mère qui voit irrémédiablement son fils sombré dans la drogue et qui commence même à faire du trafic. Ou encore à cette mère de famille qui avec peine arrive à joindre les deux bouts. A ces personnes, nous disons implicitement: "Tu ne peux pas être triste car la Bible dit qu'il faut être toujours joyeux." Oups! Implicitement encore, on me dit que je ne suis pas en phase avec le texte biblique! Re Oups! Pourtant, je me bats. Je viens là en ce sabbat matin, peut-être pour rechercher ce soutien qui m'a manqué durant la semaine dans cette lutte contre moi-même et mes penchants. Ah oui! J'avais oublié que l'on ne peut surtout pas dire ses luttes et avouer ses faiblesses à l'église. Ce serait, disent certains donner gloire à l'ennemi! Eh ben bon! Comme s'il avait besoin qu'on parle de lui pour qu'il fasse de nous ses partenaires à l'insu de notre plein gré! Peut-être qu'en ce sabbat matin, j'ai simplement besoin d'aide pour vaincre, d'une prière et d'un regard qui me rappelle que tout n'est pas perdu. Besoin d'une accolade qui m'aide à traverser la tempête dans laquelle je suis. Besoin de sentir après une semaine de boulot harassant que je ne suis pas juste une force de travail payé aux lance-pierres mais quelqu'un qui compte vraiment. Besoin d'être écouté en tant que personne après une semaine où ce qui intéressaient mes interlocuteurs étaient que je termine ce projet qui, finalement, sera mis de côté parce qu'il n'y a pas de budget. Projet que l'on vous avait expressément demandé d'écrire dans un temps impossible. J'y ai passé du temps, même en dehors du bureau, me privant de sommeil pour voir ce projet enterré avant même d'avoir vécu. Croyez bien que je suis un peu pas en forme en ce sabbat matin!

Lors de ces rencontres du sabbat, j'ai besoin que mes doutes sont entendus et pris en compte sans que l'on me regarde bizarrement. J'ai besoin que l'on comprenne que je suis en cours de téléchargement, et qu'à ce titre, je ne suis donc pas parfait. Je peux encore faire des erreurs. Me tromper lourdement. J'ai besoin lorsque cela arrive que l'on ne me regarde pas comme un pestiféré et que l'on ne me pointe pas du doigt. J'ai envie d'être accueilli comme le fils prodigue et que l'on me montre que Dieu est encore prêt à m'accueillir parce qu'il m'aime de manière inconditionnelle. J'ai envie que le veau gras soit tué et qu'une fête soit organisé lorsque je reviens après un certain temps d'absence. J'ai besoin que l'on m'accueille dans ma singularité. Je suis moi. Pas un chrétien lambda dont on estime que depuis le temps qu'il est là, il doit avoir compris bien des choses. J'aimerai que l'on assimile une fois pour toutes que nous ne sommes pas tous au même niveau dans le développement de notre foi. Je n'ai pas encore la fibre la fibre, mon téléchargement prend plus de temps. J'en suis le premier frustré! J'ai besoin de trouver dans l'église de vrai(e)s ami(e)s sur lequel je peux compter à chaque fois que je n'aurai besoin. Des personnes que je peux contacter quand je vais mal et qui sauront m'écouter sans me juger, sans chercher à tout savoir. Sans faire une enquête sur ma vie.

Mais par dessus tout cela, j'ai besoin d'être moi aussi utile dans la vie des membres de ma communauté. Pas simplement pour grossir le nombre de participants au culte. J'ai besoin de servir à quelque chose dans la vie des autres par mes expériences et mon cheminement avec Dieu. J'ai besoin que le don que Dieu a mis en moi soit reconnu dans ma communauté et que l'on fasse appel à moi parce que tous reconnaissent que Dieu a mis en moi les compétences nécessaires pour ce moment précis de la vie de l'Église. Je ne veux pas être un simple spectateur dans la vie de ma communauté. L'Église. J'y vais chaque sabbat et pourtant, j'ai la sensation d'un vide. Je me dis que je suis en train de passer à côté d'une réalité profonde et transcendante qui dépasse la simple participation à un programme, même s'il est bien présenté. Je ne viens pas pour une performance artistique. Ni pour voir un oeuvre artistique. Et encore moins un temps de divertissement! L'église n'est pas un musée! Ce n'est pas non plus un parc de loisirs ou un lieu de détente! Je peux avoir tout cela en dehors de l'Eglise! Même si toutes ces choses peuvent se retrouver dans l'Église, il y a une dimension que l'on doit retrouver. Une dimension qui n'est pas humaine, mais purement spirituellement et divine! Il y a donc dans l'Église assemblée une dynamique où l'humain en communauté rencontre le divin. Ce n'est donc pas simplement un programme bien agencé ou seulement de la musique bien jouée. Il y a donc une dimension émotionnelle dans cette rencontre: joie de se retrouver, joie de rencontrer Dieu, joie d'appartenir à un peuple, joie d'être intégrer à une communauté, joie de se sentir aimé inconditionnellement, joie d'être tous égaux devant ce Dieu qui désire nous sauver et être en relation avec nous. Cette dynamique qui n'est possible que par l'entremise de l'Esprit Saint, est-elle celle que nous vivons chaque sabbat matin dans nos communautés ? J'en ai marre de l'Eglise et de ses programmes parce que j'ai le sentiment que nous nous trompons sur ce qu'elle doit être. Marre que nous nous trompions sabbat après sabbat alors que, beaucoup d'entre nous, nous en sommes conscients ! Vous vous êtes sûrement déjà retrouvé devant la situation suivante: vous offrez une merveilleuse voiture téléguidé à votre petit neveu ou une belle poupée à votre petite nièce. Vous êtes contents du geste que vous avez fait en voyant sa joie quand il le reçoit. Et quelques minutes plus tard, vous constatez que le jouet n'est plus utilisé comme il se devrait. Sa destination a changé. Il est devenu un projectile, un siège sur lequel on s'assied, une arme pour attaquer d'autres enfants. Il est déjà en plusieurs morceaux et votre petit neveu essaie de le reconstruire. Pourtant, ce n'était pas un puzzle. Le merveilleux jouet n'est plus.

Dans notre vie d'adultes, ces mêmes expériences nous arrivent: combien de machines avons-nous acheté et qui sont sous-utilisées parce que nous n'avons pas pris soin de lire le manuel d'instruction! Ou encore nous avons acheté la nouvelle version d'une machine que nous avions déjà, mais nous l'utilisons comme l'ancienne. Oubliant, méconnaissant ou ignorant les nouvelles fonctionnalités qui pourraient nous faciliter la vie.

Je suis aujourd'hui dans le même état d'esprit quand je suis à l'église : le sentiment que nous nous utilisons mal un outil qui pourrait nous faire tant de bien. Un outil s'il était bien utilisé nous permettrait de mieux accomplir la mission. Il nous faut peut-être nous rendre à l'évidence: nous avons perdu le mode d'emploi de cet outil formidable. Nous avons peut-être voulu copier je ne sais quelle organisation en oubliant que l'église est d'essence divine et que son objectif n'a rien à voir avec des programmes bien réalisés qui devront satisfaire les normes basiques et techniques de la diffusion vidéo. Peut-être que nous nous focalisons trop sur la forme en oubliant le fond. Nous soignons trop l'emballage alors que la boîte est vide. Je crois de plus en plus que mon vécu actuel de l'église ne correspond pas à la définition biblique. Famille. Fraternité. Amitié. Appartenance et intégration à un groupe. Église avec ses différents membres comparée à un corps humain avec ses différents organes. Soutien mutuel. Accueil inconditionnel. Primauté de la relation sur le rituel. Croissance continue. Ce sont ces mots/concepts que suggèrent le texte biblique en parlant de l'église. Mais je ne retrouve pas toujours ces mots dans le programme du sabbat matin. L'Église n'est pas programme, L'Église est d'abord rencontre. Rencontre avec Dieu et rencontre avec les autres. Les programmes ne sont que des moyens pour nous permettre d'entrer en relation avec les autres et avec Dieu. La rencontre avec les autres ne peut pas se limiter à être simplement dans un même lieu pour assister à un programme.


Phrase de réflexion: La fraternité chrétienne est automatique mais les relations fraternelles se construisent. Qu'en pensez-vous ? Qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire ?


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